
POURQUOI VERCINGÉTORIX S'EST-IL LAISSÉ ASSIÉGER ?
Mais faut-il être bête pour se laisser encercler par 12 légions romaines ?!? Pourtant, Vercingétorix n’était ni un débutant, ni un crétin.
On se rappelle qu’il descend de rois arvernes, et qu’il a été éduqué à la romaine par ses oncles à une époque où sa tribu avait négocié la paix avec Rome. Il serait même passé du côté romain, peut-être comme otage de la bonne volonté de sa tribu, plus probablement comme officier auxiliaire. Il connaît les trucs de César, avec qui il aurait partagé une tente.
Il est donc rôdé aux tactiques romaines, et après 6 ans de guerre des Gaules, il sait l’infériorité des Celtes en combats rangés contre les légions. Voilà plus d’un an qu’il a pris la tête d’une coalition gauloise : son credo, depuis lors, est d’épuiser César en lui coupant les vivres, et non en l’affrontant.
Après la révolte des Carnutes, qui sonne le début d’une contestation unifiée au printemps -53, il pratique la stratégie de la terre brûlée en rasant tout au sud de la Loire, obligeant les légions exténuées à fuir en avant. Il insiste pour qu’Avaricum (Bourges) soit brûlée, mais échoue devant le conseil des chefs. César en profite et prend la ville malgré la tenaille exercée par la cavalerie gauloise.
Vercingétorix récidive à Gergovie : cette fois, ce sont les Eduens, en passe de rejoindre la coalition gauloise, qui attaqueront César sur ses arrières, alors qu’il assiège la ville. De fait, l'offensive du proconsul est un échec ; mais il a quand même reçu des vivres des Eduens et préfère battre en retraite.

Theodore Chasseriau, Scène de la guerre des Gaules - le Gaulois (éduen) Littavicus, trahissant la cause romaine, fuit à Gergovie pour soutenir Vercingétorix, vers 1838-1840, Metropolitan Museum of Art.
Vercingétorix sait que le temps joue pour lui, car bientôt, plus une seule tribu n’alimentera les légions. Au contraire, les Eduens qui viennent de rejoindre la coalition et jalousent le pouvoir du commandant gaulois recherchent un affrontement frontal qui donnera le beau rôle à leur cavalerie.
Les deux attaques de cavalerie gauloise qui préludent le siège peuvent donc être attribuées aux pressions éduennes. Vercingétorix, de son côté, a prévu le coup. Il compte probablement tenter une nouvelle tenaille : en langage militaire, un “abcès de fixation” consiste à immobiliser l’ennemi sur un point défensif, alors qu’une deuxième armée le prend à revers.

Vercingétorix sait sans doute qu’il devra soutenir un long siège : il a prévu vivres et fourrage en conséquence, dans les bagages de son armée (2100 tonnes, rien que pour ses soldats !).
Vercingétorix sait sans doute qu’il devra lever une deuxième armée à distance : comment expliquer, sinon, qu’environ 240 000 hommes l’aient rejoint si vite, en quelques semaines, alors que certains ont dû parcourir 500 km ?
Mais pas de spoiler, on verra bientôt si les renforts répondent présent !